Maintenir une rentabilité stable dans un marché volatil
Le 19/02/2025
Les assureurs-vie, notamment les bancassureurs, s'attendent généralement à une hausse des taux d'intérêt. Si ces derniers continuent à pousser l'UC, ils entendent relancer la collecte de fonds en euros.
L'année 2022 s'achève sur un apparent paradoxe pour les assureurs-vie : si la collecte est plus faible qu'en 2021, leurs performances financières sont globalement bonnes. "Nous avons eu de très bons résultats l'an dernier", confirme Sarah Bouquerel, directrice de l'événementiel et des relations stratégiques du groupe CNP Assurances La Banque Postale.
La hausse des taux d'intérêt a eu un impact positif sur la rentabilité de l'activité d'épargne, et nous avons des bénéfices - PPE, la richesse sous-jacente de notre portefeuille - pour soutenir les perspectives de rentabilité de nos fonds en euros et l'évolution de nos encours de crédit. »
Selon France Assureurs, la collecte nette en assurance-vie atteindra 14,3 milliards d'euros en 2022, contre 22,4 milliards d'euros en 2021. L'euro a accéléré ses sorties (-20,3 milliards d'euros). Manuel Arrivé, analyste assurance chez Fitch [agence de notation, ndlr], s'est montré grincheux, relativisant les montants : « Toutes les collectes nettes médias ne sont pas aussi bonnes que 2021, qui est une exceptionnelle de l'année, mais loin d'être déprimante.
Par ailleurs, les sorties en euros ne sont ni une nouvelle ni une mauvaise nouvelle pour les bancassureurs en termes de rentabilité.
En effet, tout au long de la période de taux d'intérêt bas ou négatifs, la collecte de fonds en euros n'a pas été particulièrement favorable. Gildas Roberts, associé principal en services actuariels et financiers chez Optimind, a expliqué : "Plus le taux d'intérêt est bas, plus la performance financière des assureurs se dégrade, car leurs marges se réduisent et les garanties de capital rendent leur solvabilité plus coûteuse. Il y a tellement de raisons pour lesquelles les assureurs encouragent les abonnements à UC.
Quelle stratégie à moyen terme ?
La hausse des taux directeurs a changé la donne. "Progressivement, les rendements du portefeuille obligataire vont augmenter. Les obligations arrivant à échéance sont remplacées par de nouvelles avec de meilleurs rendements. En conséquence, la gestion financière des compagnies d'assurance va également s'améliorer, même si ce n'est pas encore apparent", Crédit Agricole Jean-Luc François, Directeur Epargne Retraite de la banque (Crédit Agricole Assurances), nous explique. Pour Manuel Arrivé, le premier impact est déjà là : "Malgré l'inertie des fonds en euros, nous sommes passés d'une phase de dilution - lorsque les taux d'intérêt sont négatifs - à une phase de croissance. Or, les marges des affaires nouvelles ont crû plus vite que les stocks". , à mesure que les taux d'intérêt augmentent, « la rentabilité des fonds en euros s'améliorera progressivement en 2022 », ont conclu les analystes.
Pendant ce temps, UC a vraiment décollé
"La commercialisation des parts affiliées résiste bien en 2022 : même si les valorisations des encours de crédits ont été impactées par la baisse des marchés, leur collecte est en hausse. Nos commissions sont assez stables. Quant aux rétrocessions que nous versent les gérants d'actifs, elles tendent à chuter parce que les marchés financiers ne sont pas performants », explique Jean-Luc François de Crédit Agricole Assurances.
Enfin, "les fonds en euros sont un peu meilleurs au niveau de la rentabilité. Au niveau des frais de gestion en unités de compte, la forte collecte compense l'impact négatif du marché sur les encours de crédit. Conclusion : Les marges d'exploitation des assureurs vie tendent à s'améliorer en 2022", conclut Manuel Arrivé. "Il ne faut pas oublier que la rentabilité des compagnies d'assurance-vie est essentiellement tirée par leurs actions, qui sont encore très élevées. L'effet de collecte est beaucoup moins important", a ajouté Jean-Luc François.
Il reste à voir comment la hausse des taux d'intérêt affectera les stratégies à moyen terme des assureurs. "Les assureurs-vie se trouvent dans une position quelque peu paradoxale : les fondamentaux restent les mêmes et, à long terme, ils doivent continuer à transférer les collectes directement vers l'UC, et ils sont bien rémunérés pour cela. En attendant, les sorties nettes des fonds en euros ne doivent pas continuer car cela les empêchera de réinvestir dans des actifs plus rentables », analyse Gildas Robert.
Se méfier de la volatilité
Il n'est donc pas surprenant que l'investissement dans les fonds en euros soit à nouveau encouragé. "L'accès aux fonds en euros est devenu plus difficile dans le contexte de taux d'intérêt bas", rappelle Sarah Bouquerel. Aujourd'hui, ce mouvement s'est inversé. "On assiste à un boom des offres commerciales avec des taux d'intérêt garantis ou la possibilité de payer 100% en fonds euros sans restriction UC", explique Gildas Robert.
Autre raison du ralentissement des sorties des fonds en euros : la capacité à gérer des rachats potentiellement importants. Il faut dire que l'inflation et la concurrence d'autres produits d'épargne qui réduisent le pouvoir d'achat, selon le Livret A, poussent certains à vouloir racheter leur contrat. Jean-Luc François prévient : « Si le fonds général n'est pas assez liquide pour faire face aux besoins de rachat et que la compagnie d'assurance doit vendre des actifs dépréciés pour les encaisser, elle devra comptabiliser des pertes, ce qui peut affecter ponctuellement sa rentabilité. temps. ".
"L'environnement exerce une certaine pression sur la collecte nette", conclut Sarah Bouquerel. Nous surveillons de près nos niveaux d'encours de crédits, mais nos collectes brutes se portent bien, sans nouvelles alarmistes de remboursements accélérés. Il n'y a donc pas encore de changement stratégique majeur. Nous ne sommes pas prêts de renoncer à la diversification. Les contrats d'accompagnement multisupport sont toujours le bon conseil pour nos clients. Et une source de profit pour les compagnies d'assurance.